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9-10 Avril 2011 : Rallye régional des Monts du Lyonnais

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9-10 Avril 2011 : Rallye régional des Monts du Lyonnais Empty 9-10 Avril 2011 : Rallye régional des Monts du Lyonnais

Message  Max Lun 11 Avr - 21:15

Petit résumé de notre préparation et de notre première spéciale ...

Bienvenue dans la tête du pilote !

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La veille au soir :
Que de choses à penser en cette veille de grande première ! Après deux nuits de garde de suite à la clinique véto de Villefontaine, je suis bien fatigué, et la pression ne monte pas vraiment. L'après midi se déroule normalement, on bichonne Titine, on la lave, on cherche la bonne position pour la caméra embarquée. On fait monter Ashka sur le siège du pilote pour laisser quelques poils.
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Ensuite, on va faire les courses pour nourrir l'équipage et l'assistance.
En rentrant, Fabien est déjà là avec la camionnette... Et quelle camionnette ! Déjà remplie d'outils, avec un groupe
électrogène ... C'est une vraie camionnette d'assistance pro ! On file dans le garage où sont stockés pneus, pièces, et
tout le bazar qui ne risquait pas de rejoindre Titine dans son tout petit garage marcyen. Camion rempli, il fait déjà
presque nuit. On se pose tranquillement à Marcy, Emeric repart chez nuit pour une bonne nuit de sommeil, et je reste avec
Fabien, à discuter un peu avant d'aller au dodo. Coucher 22h45. Réveil... 00h45, frais comme un gardon, et pas moyen
de se rendormir... Mince de mince... on dirait la veille du Bac ou du Concours véto... tant pis, y a qu'à attendre... 3h,
enfin, re dodo...

Le matin :
- Chargement de la voiture
5h45 : "Knocking on heaven's door" me réveille, comme tous les jours depuis un bon moment... J'ai rêvé de chiens malades, de gardes, de chats accidentés... Mais pourquoi sonne ce foutu réveil ? Merde !! C'est aujourd'hui ! En une seconde je suis debout, et je file sous la douche, les yeux encore collés... 6h10, j'ai déjà bu mon café, et je suis prêt. Jean Yves est là. On peut aller charger la voiture. Petit moment de tension au petit matin, dur dur de charger la voiture.
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On en a pas trop l'habitude, et les sangles pour l'attacher sont neuves. 7h10, tout est prêt. On a déjà 10 min de retard.
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En route pour Sainte Foy l'Argentière !

- La route de sainte foy l'argentière
Jean Yves (mon père) et Fabien (mon cousin), en charge de l'assistance, sont dans la camionnette qui tracte la remorque sur laquelle est posée Titine. Juste derrière, je suis dans la 307. Emeric suit dans la 306. Pendant tout le voyage, je fixe la petite AX bleue posée sur la remorque et qui part, dans les brumes du matin, vers sa première course avec son nouvel équipage. Les yeux rivés sur elle, je commence à cogiter... "pourvu que je sorte pas de la route", "pourvu qu'il ne nous arrive rien", "pourvu qu'aucune pièce ne lache"... Le trajet est interminable !

- Vérifications administratives
Arrivés à Sainte Foy l'argentière, on descend Titine de sa remorque et on va faire les vérifications administratives. Tout est en règle, et grâce aux conseils de Jérémy LACOUR, mon "collègue d'écurie" beaucoup plus expérimenté que moi (facile, me direz vous !), on arrive même à gagner du temps dans les papiers ! On nous donne nos plaques officielles,nos autocollants avec les numéros à mettre sur les portières, et quelques autocollants des sponsors du rallye.
Vite vite, la suite !

- Les peintures de guerre sont de sortie
Titine ressemble de plus en plus à une voiture de course, maintenant qu'elle a ses plaques de rallye et son numéro, on s'y croit un peu plus encore... La pression, elle, reste étonnamment basse, parce que je réalise toujours pas que tout ça, c'est pour nous et pas pour quelqu'un d'autre comme je l'ai vu pendant tant d'années.
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- Vérifications techniques et parc fermé
Toute décorée, Titine est prête pour aller passer l'étape que je redoute le plus : les vérifications techniques ! J'imagine déjà les commentaires acerbes des commissaires techniques sur tel ou tel détail qu'on aurait oublié... J'imagine déjà la course terminée avant d'avoir pris le moindre départ... Finalement, tout se passe bien... Enfin, on avait quand même laissé les papiers de Titine dans la 307 paternelle (depuis les vérifications adminstratives...). Du coup, Jean Yves a du partir au pas de charge pour aller nous les chercher ! Autre détail amusant pendant ces vérifications, on tombe sur un grand gaillard qui nous confie qu'il est l'un des deux constructeurs de notre voiture et qu'il a déjà été copilote dedans ! Fichtre, le géniteur de Titine la regarde en détail :
"Ouha, elle a pas changé, elle a vraiment pas changé, t'y as rien fait dessus.
- Non, d'un autre côté, pourquoi changer des éléments neufs et bien montés !
- Et t'as fait des essais ?
- Non !
- (sourcil soupçonneux ) Oh ?
- Ah non non non ! A chaque fois qu'on la démarre, la voisine appelle les flics, alors faire des essais, tu penses bien !
- (il se penche et regarde le tableau de bord) Oh P*****, mais c'est vrai que t'as pas roulé avec !!
- Eh oui... (je regrettais vraiment de pas avoir fait d'essais, mais c'était matérielement, financièrement et
légalement impossible... ça fait 3 bonnes raisons, non ?)
- Bon, ben , bon courage ! Et si t'as besoin d'un conseil, t'hésite pas ! (je le reverrai plusieurs fois sur le rallye, à chaque fois souriant, de bonne humeur et avec toute la patience de répondre à mes questions ! Merci Mr DODOS !)

Une fois terminées les vérifications techniques, Titine rentre au parc fermé. Elle est officiellement rentrée dans la course.
Donc... Nous aussi.
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- L'assistance interminable
Sauf que la course, elle démarre pour nous à 17h45 minimum... et qu'à la sortie des vérifications techniques, il est 10h15 ! Encore quelques loooongues heures d'attente se profilent. Je libère mon assistance pour qu'elle aille voir les vérifications techniques de grosses autos. Je reste seul dans la zone d'assistance mécanique, profitant de ces heures que j'ai attendu pendant de longues années. Mon premier rallye... bon sang de bonsoir... mon premier rallye... Plusieurs fois je pose le magazine que je lis sans vraiment le lire, et je cogite, savourant les secondes, et regardant autour de moi les camionnettes arriver, les mécanos se préparer et monter les tentes d'assistance... Je suis dans mon jour J, étonnamment calme, et déjà concentré.
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Les heures passent, Arnaud (un cousin) arrive pour compléter l'équipe de mécanos. On mange ensemble, puis je m'allonge sous la tente d'assistance, à même le sol, pour savourer encore un peu le calme avant la tempête. Je suis encore zen,mais pour combien de temps ?
Notre collègue d'écurie, Jérémy, revient à Sainte Foy l'argentière, mon père nous rejoint, puis c'est le copilote de Jérémy qui arrive. Les heures passent plus vite. La tension ne monte toujours pas, même si je suis de plus en plus dans un état second de calme.
Vient l'heure de s'habiller. On ne parle plus de s'habiller en combinaison dans le salon de la maison. Non, là, c'est pour de vrai. J'enfile ma combinaison, mes chaussettes anti feu, mes chaussures de pilote. J'ai l'impression d'être à ma place,
enfin.
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On part chercher la voiture au parc fermé.

- Première assistance
Retour à l'assistance, cette fois ci avec Titine. On change les pneus avant, on rajoute un peu d'essence, on nettoie le pare brise. L'assistance est au top, j'ai rien à faire. Le compresseur fait son ronron métallique, le bruit caractéristique de la visseuse sur les écrous de roue me tirerait presque les larmes. Bon sang, cette assistance mécanique, elle a vraiment de la gueule...
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Les minutes passent trop vite...
Voilà le moment du départ de l'assistance. Tension dans les rangs. Tout le monde est aux petits soins pour nous et la voiture. On est sous les projecteurs, et là, la pression arrive d'un coup.
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Bon sang, j'ai attendu ça depuis toujours ! Je vais rien lacher maintenant ! Aller, bon sang, on monte, et on y va !

On part dans notre chère Titine, on dit pas grand chose. La tension est bien là. Grandes respirations et mouvements
d'épaules, rien n'y fait. Le stress veux pas partir.
Sur le routier, en liaison (route ouverte entre deux secteurs chronométrés), on fait coucou aux gens qui nous saluent.
Le rallye est très populaire dans la région, et de nombreux locaux sont de sortie pour nous faire des grands signes de la main. C'est vraiment très touchant, surtout quand on réalise qu'ils font ça depuis plus de 2 heures, c'est à dire depuis le début de la sortie des voitures du parc d'assistance.
Ce routier, c'est ma seule séance d'essai. Et je ne sens pas la voiture. La route est ouverte, on doit respecter le code
de la route, et c'est dans le flou complet qu'on arrive au pointage avant la première spéciale...

- ES1, le grand départ
Juste avant la zone de pointage, on arrête la voiture, on met la cagoule, le casque et le HANS. Je remonte dans la voiture pour vérouiller mon harnais, brancher mon micro, et enfin mettre mes gants. Il fait une chaleur étouffante sous toutes ces couches. Et avec le casque et ses coquilles anti bruits, j'entends pas grand chose du monde extérieur. Dans mes oreilles, seul le bruit de ma respiration, amplifié par le micro devant ma bouche, résonne. Sur le volant, mes doigts bougent en permanence. Je vérifie au moins 5 fois si la première passe bien.
Emeric revient dans la voiture.
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Merde! j'ai pas mis en route la caméra embarquée ! Je lui demande de le faire, un peu en panique... Le stress est toujours là. Petit à petit, les voitures devant nous partent, et on se rapproche de la ligne de départ. Une voiture toutes les minutes. Et on avance, en pleine chaleur. Je reste bloqué visuellement sur ce départ et j'ai du mal à détacher les yeux des concurrents précédents qui partent les uns après les autres. Le concurrent devant nous se place sur la ligne de départ. Merde de merde, après c'est nous. Le chronométreur lui indique le compte à rebours devant le pare brise, puis la petite AX qui nous précède s'élance. Merde de merde de merde. C'est à nous. Emeric doit sentir ma nervosité, il lache des "allez mon gars", et me demande si je veux qu'il me fasse le compte à rebours vocalement en même temps que le chronométreur. Je dis oui. On s'avance sur la ligne de départ, noircie de traces de pneus.
Devant nous, un chronométreur blasé. Derrière lui, une ligne droite de 50 m, et le début de la toute première spéciale de notre vie. Le chronométreur nous fait signe, croisant ses deux index devant lui. Emeric a bien vu, il lache dans la radio "30 secondes". Merde de merde. Le temps s'accélère encore. Le chronométreur vient se poser à côté de la voiture et passe sa main ouverte deux fois dans mon champ de vision. Mon copilote enchaine d'un émouvant "10 secondes". Je lache le volant de la main droite et attrape le frein à main. La première est enclenchée.
Je lache deux petits coups d'accélérateur pour lui montrer que j'ai vu son signe. Puis sa main revient dans mon champ de vision, elle s'ouvre et ses doigts se replient les uns après les autres.
-"5". Je commence à accélérer. Je sais pas faire un départ chrono, j'ai jamais essayé, ni avec l'AX, ni avec la Xsara, de peur de casser quelque chose. Va falloir improviser.
-"4". Je lache des coups d'accélérateur. L'aiguille du compte tour danse à la limite de mon champ visuel. Le bruit monte d'un cran.
-"3". Les coups d'accélérateur sont plus rapprochés, l'aiguille du compte tour n'a plus le temps de redescendre, elle
commence à monter de plus en plus haut. Dans l'AX, l'ambiance devient magique.
-"2". On s'approche de la zone rouge, l'aiguille danse entre 4500 et 6000 tours/min. Le bruit est impressionnant. Une chose se passe pourtant à ce moment là. Je réalise que je contrôle ce bruit, que c'est moi qui décide, et que j'y suis et que tout ça est vrai. Ce petit moment de lucidité simple me fait un bien fou. La pression retombe d'un coup et une seule pensée remplit ma tête...
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-"1". "...allez le commissaire, dégage ton doigt de devant mon pare brise". L'aiguille est bloquée à 6500 tours/min, l'AX est tenue avec le frein à main, légèrement plaquée au sol par l'effet conjoint de l'accélération et du frein à main. Elle trépigne. Et nous aussi.



Le doigt disparait. Mon regard se focalise sur la ligne droite derrière. Ma main droite lâche le frein à main et vient se poser sur le levier de vitesse. Pied au plancher, je sens les roues qui patinent et la voiture qui s'arrache du départ en louvoyant légèrement. L'aiguille du compte tour s'agite, puis se bloque un court instant à 5500 tours/min avant d'entamer sa remontée. C'est le signe que les roues ont repris leur adhérence. Je scrute le compte tour tout en tenant la bête déchainée d'une main. Sur le levier de vitesse, la main droite attend que le compte tour affiche plus de 7000 tours/min. C'est fait, et j'enquille la seconde à la volée. La ligne droite se raccourci et le virage à gauche se rapproche vite. Petit freinage. et c'est parti. Bon sang, elle tient sacrément bien la route ! Je retrouve des sensations connues de karting au niveau de la tenue de route et du freinage. ça me rassure énormément. La confiance remonte d'un cran et en un virage, je sens que beaucoup de mes craintes s'envolent. Pas le temps de réfléchir, les notes arrivent dans mon casque avec la voix claire et déterminée de mon frangin de copilote "long droite à fond pas corde !!" Ok ok, on relache pas, on passe la troisième à 7000 tours et on se rapproche pas trop de l'intérieur du virage où de vilains trottoirs nous attendent. Ensuite les virages s'enchainent. Petit détail croustillant, dès le troisième virage, le pommeau du levier de vitesse me reste dans les doigts ! Merde de merde de merde. Nous voilà lancés à fond, et tout en essayant de tenir le volant de la main gauche, j'essaie de remettre en place le pommeau de la main droite, changeant le vitesse sur la tringle quand besoin !! Heureusement, la portion avec les lignes droites arrive aussi, me permettant de remettre en place le pommeau baladeur sur sa tringle... Rester concentré est heureusement facile tant le ton et le timing des notes sont parfaits. C'est clair, déterminé, pro. Je ne sens aucune réserve, aucune appréhension comme on peut parfois en entendre sur les vidéos en caméra embarquée de certains autres concurrents. Je ne sens pas non plus de ton guerrier ou agressif, que certains copilotes emploient pour donner du courage à leur pilote. Le copilote est le chef d'orchestre de ce qui se passe dans la voiture, c'est lui qui dicte le rythme. Et mon chef d'orchestre à moi, à ce moment là, je me demande presque si c'est vraiment un débutant !
Cette spéciale est vraiment très rapide. Dès le premier tiers de la portion chronométrée, de très longs virages se passent à fond. Comment l'AX va t elle tenir ? Je décide de ne pas relacher l'accélérateur dans le premier long virage à droite, confiant dans mes notes, et dans les pneus changés par mon assistance. ça passe sans problème, soudé à bloc. Les herbes au bord de la route deviennent floues et les poteaux de téléphone défilent franchement vite. Fond de 3, on enquille la 4 à la volée. Et on continue d'accélérer, tant que le copilote n'annonce pas de piège (d'après la caméra embarquée, jusqu'à 130-140...). C'est très particulier de rentrer dans un virage en aveugle à fond parce que la personne à côté de vous vous a annoncé que ça passait, et de freiner comme un forcené avant le virage suivant (toujours d'après les notes) alors que en arrivant dessus, les deux virages se ressemblent énormément. C'est aussi ça, la magie du rallye... Le pilotage "aux notes"...
Dans certaines grandes courbes, l'arrière louvoie, change d'appuis. Il faut corriger au volant, tout en restant concentré sur les notes pour les virages suivants. Je ne me fais pas surprendre, par contre, dans la deuxième partie de cette portion très rapide, j'ai parfois l'impression de ne pas entendre toutes les notes tant je suis concentré sur la route et sur les réactions de la voiture. Seuls les "piège !! piège !!" de mon copilote me ramènent à cette longue chanson qu'il me chante. A chaque freinage, l'arrière décroche légèrement, m'obligeant à des mouvements secs au volant en pleine phase de décélération. Problème de voiture ? De pneus ? Ou problème de pilote ? On enchaine la portion rapide et on arrive à une épingle gauche en montée.
"Pas corde" me dit mon copilote. Ok, on va aller chercher plus loin vers l'extérieur. BANG !!! Le protège carter racle à l'intérieur de l'épingle. Merde, j'ai pas pris assez loin à l'extérieur. Troublé par ce choc qui nous fait passer l'épingle avec un petit saut de chèvre, totalement hors trajectoire, je m'emmêle les pinceaux dans le volant, rattrapant la voiture au bout de 10 m de louvoiement chaotique à fond d'accélérateur (merci l'autobloquant ) parce que la pente est raide et que "merde, quand même, on est pas là pour enfiler des perles non plus". Je vois une photographe sur la gauche qui se recule précipitamment de la route, effrayée par les zig zag de cette AX bleue que son pilote a emmené hors trajectoire.
Grognasse, va ! Tu vas voir si on va pas la terminer cette spéciale !! La montée continue, cette fois sur une toute petite route très étroite. On enchaine les virages. Soudain, mon frère m'indique un "très long droite 140 ferme 120", c'est à dire un virage tournant très peu et qui tourne un peu plus vers la fin. J'attends le repère de note, pour savoir quand le virage se referme. Merde de merde, il me semblait qu'on s'était donné un repère pendant les reconnaissances. Fond de troisième, toujours dans le virage. Le talus défile à toute vitesse sur notre droite et je nous laisse doucement porter vers l'extérieur du virage pour resserrer ma trajectoire quand le virage se refermera. Je passe la quatrième, toujours à bloc. Toujours pas de repère. Je hurle dans le casque: "AU PORTAIL ??? droite 140 se referme 120 AU PORTAIL ???". Emeric me répond du tac au tac "Oui !! ferme 120 AU PORTAIL". Ouf ... Reste plus qu'à attendre le fameux portail dans une voiture lancée à fond dans un virage en aveugle... qui va se refermer... sensations garanties ! Les secondes sont longues. Le voilà enfin, ce maudit portail... Petit lâcher de gaz, on enquille la troisième on place la voiture en glisse, on accélère à fond et ...
TAC... Vouuuuuuummm... Merde, la troisième vient de sauter. Je la rentre à la volée pour ne surtout pas être privé d'accélération dans un moment aussi critique de glisse des quatre roues. Les virages s'enchainent encore. Je comprends un peu mieux la voiture, mais tout est encore un peu brouillon. J'aimerais faire "pause", réfléchir, me calmer... Mais on est dedans, et il faut y aller. "100m gauche i (pour insignifiant) pour gauche 120 sale pour droite i" J'entends parfaitement la note. Le virage à gauche est sale. Et en arrivant dessus, il n'y a plus aucun doute, il est même dégueulasse !! Les autres concurrents (soit environ 140 voitures d'acharnés du volant) ont tous coupé et ont ramené plein de pierres et de graviers sur la route. Deux solutions s'offrent à moi (on arrive à 110 km/h sur un petit chemin étroit, va falloir choisir vite...):
- soit je coupe moi aussi, plongeant dans l'intérieur du virage avec mes roues gauches, et risquant de frotter le dessous de l'AX avec la limite "goudron terre" qui fait une petite marche inquiétante de hauteur. Cette solution place les roues du coté droit de la voiture dans les traces des autres concurrents, c'est à dire sur du bitume "propre", entre mares de graviers.
- Soit je ne coupe pas et je passe hors trajectoire, épargnant mon dessous de caisse, mais en roulant en plein dans les graviers.
Mort de trouille à l'idée d'arracher une roue dans la corde du virage (c'est à dire en coupant le virage comme les autre), je choisis les graviers. Grosse erreur. La voiture décroche violemment à plus de 80 km/h, les quatre roues sur les graviers. L'arrière se dérobe d'un coup violent. Je débraye, place mon regard au loin (merci le stage Centaure et la conduite sur verglas dans le Cantal) et gère avec le volant tant que je suis sur la gravette. La voiture se laisse glisser vers l'extérieur du virage, vers un trou suivi d'un petit bois au dessus. J'essaye de pas penser aux arbres et garde mon regard au loin.
Merde de merde de merde... Tout ça pour ça ? Pour se planter à la première spéciale ? Dans ma radio, plus rien. Emeric se tait, et attend. Je le sens qui se crispe un peu à côté. Moi, je suis bloqué visuellement sur une haie, au loin, guettant un sensation que je connais bien en karting : la raideur retrouvée du volant lors de la reprise d'adhérence. L'arrière commence à prendre un peu d'angle et le nez de la voiture part vers la gauche. Le virage suivant est à droite. C'est pas très bon tout ça... Là !! le volant se raidit ! GAAAZ !! J'enquille une seconde sauvagement et accélère à bloc pour remettre la voiture droite. Ouf, c'est passé. Bon sang de bon sang, la prochaine fois, je passe à la corde. Pas le temps de me remettre de mes émotions qu'une voix calme me jette "et droite i pour 30m". Emeric est déjà concentré dans les notes et même pas perdu ??? Bon sang, ce copilote là, j'ai intérêt à pas le lacher ! Les virages s'enchainent, je guette les cordes et les virages sales, un peu refroidi par les émotions du "gauche 120 sale". On arrive à une petite bosse, je soulage l'accélérateur... La voiture... décolle, à ma grande surprise, des quatre roues!!! L'atterrissage est confortable, les amortisseurs sont tops. Ensuite vient un virage à droite et une petite épingle gauche. Notre voisin d'en face à l'assistance, parti 14 éme avec sa grosse SUBARU de plus de 270ch, et qui était revenu avant même notre départ m'avait prévenu d'une flaque d'huile dans ces épingle. Merci beaucoup Mr "SUBARU" parce que la flaque d'huile était énorme et qu'il fallait passer complètement hors trajectoire pour ne pas se faire piéger !
Ensuite, nous repartons sur une portion très rapide, et je sens que les pneus chauffent bien. Je retrouve des sensations de karting, avec des jolies dérives des quatre roues et quelques dérives du train avant. On se fait plaisir jusqu'au bout en soignant les trajectoires. A quelques virages de la fin , le pommeau de levier de vitesse me reste encore dans les mains.
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De rage, je le jette dans les pieds de mon copilote, pour être sur qu'il n'arrivera pas dans mes pédales, et je continue sans... Merci les gants ! La troisième saute plusieurs fois dans les longs virages à droite en appui... Je n'y réfléchis plus, et la réenclenche à chaque fois un peu plus sauvagement... Encore quelques virages... et OUI !! ça y est, c'est l'arrivée !! On l'a fait !!
Après quelques frayeurs et beaucoup de découvertes !! On a du faire un temps pitoyable avec mon pilotage encore brouillon et nos soucis de troisième rapport et de pommeau de levier de vitesse ...
5min 03... Ouais, ça nous parle pas beaucoup tout ça... En sueur, on retire casques, HANS, gants et cagoules après le point stop de l'arrivée...On est tout rouges, les cheveux en bataille, le regard brillant !
Et on rigole comme des ânes, tout contents de nous...
On l'a fait...
Bon sang de bon sang...
On l'a fait.
Max
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